Poussé par les graves évènements
qui ont marqué l’histoire de ce début du troisième
millénaire,
Bordin va présenter une série de tableaux, qui sont
des
inquiétantes évocations de l’Europe de l’après-guerre
: Dresde, Varsovie, Caen, Fribourg...
Le peintre a examiné la documentation photographique existante,
il a créé un parcours virtuel parmi les débris
en invitant l’observateur à le suivre.
Le vide et le ravage représentés par les décombres
nous donnent l’impression d’être face aux conséquences
d’un évènement
qui est arrivé depuis
longtemps, et qui a laissé un terrain vague, abandonné,
qui n’appartient
à personne et où il n’y a plus aucune forme de
vie. Le choix du style et des matériaux, choix que chez Bordin
l’on peut définir en tant que réalisme «
d’ambiance », plutôt qu’objectif ou expressionniste,
souligne l’effet d’absorption de l’observateur
dans le lieu peint.

« J’ai introduit dans l’atmosphère générale
un sentiment de mort, qui se faufile comme une présence
implicite en essayant de mettre en évidence – par
la couleur- l’énergie vitale, l’instinct
de survie et le dépassement du drame » (Mauro
Bordin, 2003). Celle de la guerre n’est pas une thématique
nouvelle
pour Bordin. Entre 2001 et 2003, il a élaboré un
projet artistique, le projet « Hiroshima », qui
est une énorme vue panoramique (2,5m x 30m) de la ville
de Hiroshima après l’explosion de la bombe atomique. « Des
débris, de la poussière, des arbres morts, carbonisés,
une lumière limpide, aucun signe de vie
et une merveille de couleurs comme si, au lieu de la bombe
atomique, c’était un arc-en-ciel qui était
tombé sur Hiroshima » (Virginia Baradel, 2003).
A l’exposition il sera possible de voir, en outre, des œuvres
qui appartiennent à des cycles de peinture précédents,
tels que les « marines »,
les « montagnes
» ou la série la plus connue, celle des « chambres à coucher ».
« La chambre à coucher est pour Bordin une métaphore de la
stratification de la conscience existentielle et de la volonté/nécessité d'une écoute
qui adopte les rythmes tendus et haletants les plus profondes raisons de l'être.
L'artiste renouvelle ainsi l'attention pour un lieu qui apparaît comme
le théâtre et le témoignage de l'existence et, en même
temps, comme une " forme "
d'existence. » (Giorgio Segato, 1996)
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