J'ai commencé à peindre il y a environ quarante ans, dans le désert d'Atacama. Une aventure très productive a alors débuté, en relation avec la poésie. J'ai fait la connaissance d'un peintre qui a donné aujourd'hui son nom à l'avenue principale et à la maison de la culture de la ville de Copiapo. C'était un pilier de bar, toujours un petit verre à la main. Ensuite, j'ai fait mes premières expositions à Santiago, au début des années 70. Toujours à peu près la même chose, un monde chaotique, traversé de désirs et de pressentiments comme un œil désirant qui regarde l'espace sidéral. Lorsqu'il m'arrive d'avoir d'évidentes hallucinations sous la forme d'images qui me collent à l'imaginaire, mon travail consiste à les sortir de mon esprit au moyen de la pratique picturale. Ne sachant qui m'envoie ces images ou ces transmissions spatiales, j'ai un peu étudié la transe, la communication par les signes et les symboles de la culture universelle. J'en ai déduit qu'il s'agissait là du moteur éternel dont parlaient les anciens alchimistes. La dernière transmission, forte et puissante, m'est parvenue en noir et blanc, si forte que j'ai vu des lumières me brûler la tête.
J'avais un ami initié qui avait illustré la première édition originale de l'arcane 17 de Breton ; il me faisait toujours sentir que je n'étais pas un initié, que j'étais un ignorant, du moins en ce qui concerne la part astrale et sidérale. Alors j'ai parcouru les points névralgiques des astres du Mexique et du Pérou, puis de l'île de Pâques. Je me suis initié par mes propres moyens à ce que nous avons tous par culture acquise ou connue, j'ai lu tous les livres possibles sur les mystères magnétiques. Maintenant, ma tâche à venir est de me débarrasser de l'hallucination en noir, blanc et rouge, autrement dit me nettoyer d'un mystère pour retomber dans un autre. C'est pourquoi j'ai intitulé l'exposition Retour à la terre. Je me confronterai ainsi aux grands transparentes, nu et libre comme un crapaud ou un oiseau. Mario Murua